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La nouvelle n'est pas bonne ni pour le consommateur, ni pour le constructeur d'ordinateur. Suite aux inondations en Thaïlande, Seagate, le n°2 mondial des disques durs, a annoncé en fin de semaine dernière que sa production ne reviendrait pas à la normale avant fin 2012.
Le ton est donné : ne vous attendez pas à retrouver un prix correct pour les disques durs avant fin 2012, et c'est Seagate qui le dit. Bref petit rappel des évènements.
Tout d'abord, pour comprendre la situation, il faut faire un point sur le marché actuel des disques durs au niveau mondial. Jusqu'en 2011, les principaux fabricants de disques durs étaient Western Digital, Seagate (qui a racheté Maxtor en 2005), Hitachi, Samsung et Toshiba. Le marché était donc relativement bien équilibré en terme de concurrence et de diversité de production.
Cependant, en début d'année 2011, Western Digital rachète Hitachi, devenant ainsi leader mondial incontesté dans le domaine des disques durs, devant Seagate. S'en suivra une réponse en somme toute logique de Seagate en avril 2011 par le rachat de la division disques durs de Samsung, avec lequel Seagate avait déjà depuis 2010 un accord concernant les technologies SSD.
Il ne reste donc plus que trois acteurs sur le marché : Western Digital, Seagate et Toshiba, le dernier n'étant cependant pas du tout aux mêmes niveaux de production que les deux premiers.
Ces regroupements massifs étaient cependant sans compter sur la position géographique des usines des principaux acteurs... et sur les conditions climatiques.
Ainsi, Western Digital Seagate et Toshiba ont tous les trois leurs usines en Thaïlande ainsi que certaines des marques rachetées, comme Hitachi.
Ajoutez à cela que des entreprises telles que Nidec Corp et Minebea, qui conçoivent des moteurs pour disques durs, sont aussi présents dans ce pays asiatique, vous obtenez une concentration conséquente de la force de production mondial en une seule situation géographique.
Or, les inondations en Thaïlande, qui ont commencées en juillet 2011, ont atteint en octobre 2011 un point critique et les usines de disques durs n'ont pas échappé à la catastrophe : le plupart sont inondées, sans parler du personnel qui y travaille, sinistré également pour la plupart.
Au-delà de la catastrophe humaine et matérielle de ces inondations, le marché du disque dur s'est donc senti quelques peu menacés : tous les principaux fabricants mondiaux sont dans l'eau.
Tarifs du Seagate Barracuda 2ToLes conséquences ne se sont pas faites attendre : entre octobre et novembre 2011, le prix moyen des disques durs au détail a doublé (cf. graphique ci-contre).
Asus annonçait également récemment que ses stocks de disques durs (utilisés pour le montage des machines Asus, notamment les PC portables) seraient à sec dès fin novembre.
À cela, les fabricants de disques durs répondaient jusqu'à présent que la situation serait critique jusqu'à début 2012 mais devrait reprendre son chemin normal au premier trimestre 2012...
Seagate, n°2 mondial, n'est pourtant pas du même avis, interrogé par Bloomberg, Stephen J. Luczo, le PDG de l'Américain Seagate, n'a pas mâché ses mots : "Cela va prendre beaucoup plus de temps que les gens ne le supposent, jusqu'à la fin de 2012 au moins. Et d'ici là, la demande aura augmenté."
Avec cette annonce, Stephen J. Luczo lance un pavé dans la mare : la demande ne va pas cesser d'augmenter et les capacités de production vont être inférieures à ce qu'elles auront été en 2011. En clair, l'offre ne pourra pas suivre la demande. Les différents constructeurs d'ordinateurs, notamment, vont donc devoir répercuter directement la hausse des prix des disques durs et ne pourront pas l'adsorber sur une période aussi étendue. Au passage, la vente au détail, aux particuliers, va ressentir encore plus la pénurie, puisque les fabricants d'ordinateurs seront bien entendus livrés en premier, les disques durs en vente au détails risquent de devenir une denrée rare sur le marché.
L'annonce faite par Seagate est d'autant plus inquiétante que le n°2 mondial n'est pas celui ayant officiellement le plus subit les dégâts de la catastrophe naturelle, Western Digital a en effet dû fermer totalement ses usines et 60% de sa production serait affectée, laissant présager des résultats catastrophiques pour l'année 2012.
Cette crise n'aura peut-être pas de répercutions négatives pour tout le monde : en effet, les fabricants de disques durs SSD notamment doivent se frotter les mains. Leurs coûts de productions sont en baisse constante et leurs tarifs commencent à devenir concurrentiels, même si les capacités de stockage mises en jeu restent peu comparables. Les constructeurs d'ordinateurs pourraient bien faire choix d'opter pour un disque dur SSD moins cher et à moins grande capacité qu'un disque dur standard plus cher.
Les Chinois devraient également bénéficier des catastrophes industrielles thaïlandaises : Western Digital, qui dispose d'usines en Chine, va clairement devoir mettre les bouchées doubles en terme de production dans ce pays et embaucher à tour de bras. Les autres fabricants, qui devraient tirer leçon de cette histoire en terme de concentration géographique, pourraient également opter pour l'ouverture d'usines en Chine pour ceux pour qui ce n'est pas le cas, afin de prévenir une future seconde catastrophe du même genre.